La Grande Parade à bord du Trois-Frères


Il y a des journées comme ça auxquelles on ne s’attend pas. Des journées qui sont comme un cadeau et dont la magie vous reste à l’esprit les jours qui suivent…

 

Des éditions précédentes de la Semaine du Golfe je me souvenais de la succession de flotilles que l’on venait regarder louvoyer tous les deux ans au large du phare de Port Navalo, en famille, entre amis, les jumelles autour du cou.

Des voiles de toutes les couleurs, des vaisseaux presque sortis de films de pirates, des voiliers partout et de toutes les tailles. Mais rien de comparable à la journée de samedi, jour de la grande Parade de cette huitième édition.

En effet, un membre de l’équipage du fameux Trois-Frères s’étant désisté pour raison de santé, j’ai donc demandé aux Amis du Sinagot s’il était possible de pouvoir embarquer à sa place. N’ayant pas une grande expérience au sein de l’association je ne m’attendais pas à pouvoir naviguer durant cette manifestation si courue et j’avais déjà pris beaucoup de plaisir à tenir le stand de Vannes les jours précédents, afin de faire connaître l’association auprès d’un public nombreux à s’intéresser aux sinagots, à leur histoire si emblématique du Golfe du Morbihan.

Après une confirmation la veille au soir (merci à Jacky, le président des Amis du Sinagot, Joëlle et Jocelyne pour leur aide), me voilà donc à bord du Trois-Frères dans la fraîcheur matinale de Port-Anna. Il y a déjà beaucoup de monde au milieu des stands et le long des quais, mais Carmen prend gentiment la peine de venir me chercher avec l’annexe en s’assurant que je suis bien couverte, de la pluie est en effet annoncée. Sous l’égide de Pierre et de Patrick en chefs de bord, l’équipage est au complet. Après un petit rappel de consignes de sécurité, nous hissons les voiles dans un esprit très concentré: entre le vent et le nombre de bateaux qui nous entourent, il va nous falloir être particulièrement vigilants et très réactifs dans la manœuvre.

Nous croisons déjà quelques flottilles, impressionnantes pour certaines, que nous ne manquons pas de saluer. La prière aux moines est de rigueur, verre de blanc et tranches de gochtial à la main, et l’ambiance s’annonce déjà des plus conviviales…

Les trois sinagots à vue les uns des autres, nous faisons cap vers l’île de la Jument et projetons de sortir du Golfe pour un mouillage à Kerjouanno. Nous croisons en chemin l’Hydrograaf, le fameux navire à vapeur néerlandais de 1900, le Morgenster, brick néerlandais de 1919, le thonier Biche de 1934, le Bessie-Ellen, ketch caboteur britannique de 1904, la Recouvrance, la Nébuleuse, l’André-Yvette, quelques « gajeta falkusa » croates, des « olonnois », des yoles ainsi qu’une multitude de voiliers de plaisance ou de travail qui s’en donnent à coeur joie avec une météo au final plus clémente qu’il n’y paraissait : un fort vent d’est et une apparition du soleil à la mi-journée.

Une fois l’ancre jetée et les voiles affalées, nous avons l’heureuse surprise de voir arriver une belle bourriche d’huitres livrée à notre attention par zodiac (merci à la mairie de Saint-Gildas de Rhuys !), une parfaite mise en bouche avant le repas à bord où tout le monde a eu une petite attention pour les autres membres de l’équipage : cakes salés faits maison, sandwichs, salades, bouteilles de blanc et de rosé, café, le tout sous les premiers rayons de soleil de la journée !

15h, il est temps de lever l’ancre et de nous coordonner au programme de la Grande Parade pour l’entrée au port. En effet, nous serons parmi les premiers, avec les autres sinagots (Mab Er Guip, Joli Vent, Jean et Jeanne et Crialeïs, à ouvrir la parade). La manœuvre se fait sans encombre et le spectacle est au rendez-vous. Il n’est pas si fréquent de voir tous les sinagots aussi parfaitement alignés et surtout si bien entourés ! Dans notre sillage, le golfe est couvert de voiles, le long des côtes et des quais est lui, couvert de spectateurs qui nous acclament et nous saluent au son des bagad. Comment exprimer les frissons qui nous gagnent ? Avec beaucoup d’émotion nous saluons les gens à notre tour, les autres équipages également. Il y a comme une magie dans l’air, l’ambiance est féérique et nous somme tous gagnés par cette belle énergie collective.

 

Voilà, une fois passé l’île de Boëdic et la maison rose qui sert d’amer à l’entrée de Séné, les sinagots se rangent pour un mouillage à Port Anna. Il y a beaucoup de monde et une ambiance de fête. Nous profitons de la parade en spectateurs cette fois et applaudissons à notre tour l’entrée d’autres flotilles stars telles que le Marit, l’Etoile du Roy ou encore l’André-Yvette, avant de pouvoir finalement nous amarrer à la cale.

Quel accueil ! Les gens se pressent pour venir se faire photographier à bord, un verre de bienvenue nous attend, les équipages viennent se congratuler chaleureusement… on aimerait que la fête dure encore et c’est avec un sentiment d’ivresse, comme si nous avions encore la houle sous nos pieds, que nous nous dirigeons vers les grandes tablées où un dîner nous attend, aux chants de marins cette fois.

Merci aux organisateurs de la Semaine du Golfe pour cette superbe édition.

Merci aux Amis du Sinagots pour cette journée inoubliable.

DL

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