Ces bateaux au XIXe siècle étaient construits à Séné et ne servaient qu’aux pêcheurs de Séné. Ils appartenaient à un patron qui naviguait avec un matelot, un novice ou un mousse, souvent très jeune, voire avec une femme (femme, fille, soeur, veuve d’inscrit maritime). Les conditions de navigation dans le golfe du Morbihan permettaient aux femmes d’embarquer à la journée et de pouvoir concilier ainsi la pêche et leur activités familiales. La présence des femmes à bord n’était pas appréciée par l’administration maritime. Les femmes n’avaient pas le droit d’être inscrit maritime et donc d’avoir une activité professionnelle à bord des bateaux. Cette tolérance de l’administration était obtenue grâce au soutien des élus locaux, comme le prouvent les nombreux courriers conservés au Service Historique de la Marine de Lorient et aux Archives Départementales du Morbihan à Vannes. Une lettre du Maire de Séné datée du 16 juin 1861 évoque le rôle de ces femmes (plus de 200 d’après lui), qui non seulement remplacent les hommes lorsque ceux-ci sont mobilisés pour la guerre de Crimée (1853-1856), mais aussi permettent l’initiation des plus jeunes au métier de marin. Certains courriers de l’administration maritime précisent qu’elles ne seront tolérées à bord que si un inscrit maritime est présent, ce qui sous-entend qu’elles pouvaient même avoir la responsabilité du bateau quand les hommes étaient absents. Ces femmes en continuant l’activité en l’absence des marins et en entretenant les bateaux ont permis au sinagots de se perpétuer jusqu’au milieu du XXe siècle.