La Gwask Kranked 2019 (Régate des Ecraseurs de Crabes) est un défi que se lancent tous les ans les associations des derniers sinagots encore en navigation pour perpétuer une tradition instituée par les anciens pêcheurs. Elle a eu lieu le dimanche 6 octobre et réunissait cette année « Les Amis du Sinagot » avec ses 3 bateaux (Les 3 Frères, Mab er Guip et Joli Vent) contre l’association « Pour un Sinagot Ilois » de l’Ile aux Moines avec son bateau Crialeïs. Gérard, notre Président se trouvait à bord de Joli Vent. Il nous raconte ici la façon dont il a vécu l’événement. « Partis de Port Anna au petit jour, alors que le soleil commençe à peine à poindre à l’horizon, nous hissons les voiles en direction de la pointe de Brouel, côté Ile aux Moines afin de débarquer certains de nos membres pour une visite de l’Ile, seuls restant à bord les équipiers inscrits pour la régate. Sur l’image de droite, une colonie d’oiseaux entoure le moine, donnant l’impression qu’il les a conviés à venir encourager les participants à la régate pendant que d’autres semblent les saluer du haut de la tourelle de Roguedas. Une fois les membres débarqués, nous pouvons nous rendre sur la ligne de départ, celui-ci étant prévu à 11 heures au niveau de l’île Piren. A bord de chacun de nos bateaux l’équipage est constitué de 2 chefs de bord et 4 équipiers alors que 9 personnes ont pris place à bord de Crialeïs. Christian, notre photographe a embarqué sur le Mab er Guip. Michel est sur T’tite Soeur pour donner le top départ. Le premier à se positionner, tribord amure sur la ligne, est le Joli Vent. Malheureusement un contre-ordre annonçant un départ sous 2 minutes l’oblige à effectuer un demi-tour pour venir se repositionner et il se retrouve alors en dernière position. Ce nouveau « top départ » avait-il été lancé par notre adversaire frustré de ne pouvoir se positionner en premier sur la ligne ou par quelqu’un d’autre ? Les avis divergent mais la course est lancée et les bateaux s’élancent toutes voiles dehors. Remontant vers Arradon au près, (allure à laquelle Joli Vent n’est pas très performant), nous sommes les derniers à passer Piren alors que Crialeïs manque de s’échouer sur la roche. Il talonne 3 fois mais grâce au vent bien établi et à son faible tirant d’eau d’1,10 m, il réussit à glisser sur les cailloux. Les autres bateaux passent sans toucher mais de justesse ! Se retrouvant au portant, une allure qui lui convient mieux, Joli Vent, rattrape son retard au niveau des iles Drenec. Après avoir passé le débarcadère de l’Ile d’Arz, les 3 premiers bateaux optent pour le contournement de l’Ile de Lerne alors que Joli Vent décide de prendre un raccourci qui se révèle assez payant puisqu’il reprend contact avec les autres participants. À nouveau les bateaux se séparent, Mab er Guip, Crialeis et Les Trois Frères s’éloignent assez loin vers le Logeo pour tirer un bord alors que Joli Vent continue sa route vers la bouée de Bilhervé qu’il laisse à babord. A partir de là, notre bateau reprend petit à petit du retard car il se retrouve de nouveau face au vent pour la remontée le d’Ilur, la Pointe de Liouse et la plage de Brouel avant de « couper » la ligne d’arrivée à Piren. De toute évidence, Joli Vent a accumulé les retards, cependant l’équipage est satisfait de sa performance car, contrairement aux autres bateaux, il n’a commis aucune faute, il n’a pas touché le fond et a rasé la côte au plus près. L’équipage du Les Trois Frères est sans doute moins satisfait car, sans une erreur de virement de bord qui lui a couté 2 minutes, il aurait pu prendre la 1ère place au lieu de se retrouver 3ème. Quant au Mab er Guip, lui aussi a commis une petite erreur de virement de bord qui lui a couté ….. 29 secondes ! Ce qui a permis à Crialeïs de franchir la ligne en première position. La coque de ce dernier, brillante comme un sou neuf, a-t-elle fait la différence ? Le temps de course (tour complet de l’Ile d’Arz) a été de 2 heures et 30 minutes. Sans prise de ris et délivrés de leur plate, navigant à 5/6 noeuds, voire plus, les bateaux se sont montrés très réactifs dans les accélérations du vent. Parfois, un peu trop ! Le Mab er Guip (qui s’était allégé de 15 kilos en laissant les avirons à quai) gitait fort dans les rafales, le plancher était par moments bien « pentu » si bien qu’il arrivait au plat bord de toucher l’eau ! Carmen, l’une des équipières a d’ailleurs failli passer par dessus bord mais a pu être rattrapée à temps par Bertrand ! Au moment de la proclamation des résultats, Robert, nous laisse entendre que c’était peut être sa dernière régate. Fair-play, nous décidons alors de lui laisser la victoire. En effet, une question a été soulevée : Joli Vent aurait-il pu faire jouer son handicap ? Avec 4,5 tonnes de plus que les autres bateaux, nous aurions du décider par exemple, 1 minute par tonne, ce à quoi il a été répondu que nous avions aussi plus de surface de voiles. Une petite étude pourrait-elle être envisagée dans ce sens pour les prochaines régates ? Pourquoi pas. Pour clore la régate, quoi de mieux qu’un verre entre amis/adversaires pour fêter cet événement qui se sera déroulé sous un ciel très clément ? Ce verre de l’amitié sera servi sur Crialeïs. Ne reste plus qu’à rejoindre l’Ile aux Moines où nous attendent les autres membres pour un pique-nique et une bonne sieste salutaire après les efforts fournis ! »